Et si vous pouviez voyager sans votre passeport ? Cette idée ne doit pas être exclue ni considérée comme impossible. Au contraire, cela pourrait devenir effectif avec le KTDI (Known Traveler Digital Identity).
Un des tests les plus complets des identités numériques a été lancé à Montréal. Vous pouvez maintenant voyager entre le Canada et les Pays-Bas sans passeport.
Les deux pays ont lancé un projet pilote appelé KTDI, géré par le Forum économique mondial (WEF) qui permettra aux voyageurs de présenter leur passeport sous forme numérique.
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Comment ça marche concrètement ?
Les voyageurs devront télécharger une application sur leur téléphone. Encryptée par la technologie blockchain, cette application stockera le passeport du voyageur sous format numérique. Le cryptage assure la sécurité et la fiabilité des informations stockées sans recourir à un tiers de confiance.
Ces informations seront partagées avec la police des frontières et les compagnies aériennes avant même que le voyageur n’arrive à l’aéroport.
Toutefois, les informations ne sont partagées qu’après l’approbation de la personne, précise WEF dans un communiqué.
L’identité des passagers au début et à l’arrivée du vol est ensuite confirmée à l’aide de leurs empreintes digitales et de la technologie de reconnaissance faciale.
L’identité du passager est donc vérifiée numériquement tout au long du voyage. Avec le temps, l’objectif est de permettre aux utilisateurs de « progresser » vers un « statut de voyageur connu » (en anglais « known traveler status« ).
En d’autres termes, les informations d’identité seront stockées sur la puce du passeport du passager et seront désormais cryptées et stockées sur son smartphone.
Les objectifs
Lutter contre la fraude et les fuites de données
Le but principal de ce projet de WEF est de rationaliser l’ensemble du flux de gestion des passagers, de se préparer à l’explosion imminente du trafic aérien dans le secteur de l’aviation et d’éliminer les risques de fraude.
Le secret derrière ce projet est que les voyageurs peuvent contrôler l’accès à leurs données personnelles tandis que les agences gouvernementales ou les marques de voyages n’y auront pas accès.
Basé sur le Hyperledger Indy de Linux, un registre distribué construit pour une identité décentralisée, KTDI est perçu comme un changement de paradigme.
David Treat, directeur général et responsable de la blockchain chez Accenture, l’un des partenaires de conseil en technologie associés au projet, a déclaré :
« Nous sommes tous extrêmement frustrés par les piratages de données, les violations de données, le vol de nos identités – et cela est en grande partie dû au lieu où nos données d’identité sont stockées aujourd’hui. »
Il a également expliqué que l’enthousiasme suscité par l’identité numérique repose essentiellement sur la biométrie.
« Il existe maintenant un modèle de solution qui permet aux utilisateurs de contrôler leurs propres données. Ils peuvent décider avec qui ils veulent les partager et pour combien de temps allant même jusqu’à révoquer l’accès ultérieurement. »
Se préparer à l’afflux croissant de passagers
Les cartes d’embarquement sont déjà utilisées sur le mobile, sur les applications ou au format PDF. L’introduction d’un passeport numérique sera utile lors de l’adaptation à l’afflux de passagers.
Selon Christoph Wolf, directeur de la mobilité au Forum économique mondial, « d’ici à 2030, quelque 1,8 milliard de personnes voyageront à l’étranger, soit une augmentation de 50% par rapport à 2016. »
Il a ensuite ajouté que « les systèmes actuels ne permettent pas aux aéroports de traiter autant de personnes. Ce projet propose donc une solution. »
Le projet est considéré comme une solution à la croissance attendue du trafic aérien, étant donné que :
« En utilisant des identités numériques interopérables, les passagers bénéficient d’un système holistique qui leur permet de voyager en toute sécurité. Cela façonnera l’avenir de l’aviation et de la sécurité. »
Quand le projet sera-t-il réellement mis en place pour les voyageurs ?
Bien que des tests soient actuellement en cours, le premier itinéraire sans papier ne devrait se dérouler qu’en 2020.
Il est trop tôt pour dire comment KTDI sera accepté par les voyageurs. Bien qu’il offre sécurité et efficacité via la reconnaissance faciale, il peut également susciter la méfiance face au traitement des informations personnelles.
Cependant, en plus du WEF, KTDI est également soutenu par des géants de la technologie tels que Vision Box, Accenture et IDEMIA, ce qui peut être perçu comme un signe de réussite pour le projet.